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Francisation et intégration des immigrants
Le gouvernement Couillard sème de vives inquiétudes
COMMUNIQUÉS  -  16/02/16

Chambre des communes à Ottawa
 
 

Suite aux élections de 2015, jamais le Québec n’a eu un pourcentage aussi faible de représentants à la Chambre des communes depuis les débuts du Canada. À lire dans La Dépêche numéro 68 ou plus de détails sur cet article ici.
Alors que le gouvernement du Québec s'apprête à modifier la Loi sur l'immigration au Québec, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) juge inquiétantes les modifications proposées puisque la protection du français ne semble plus être la priorité ne devenant plus qu'un objectif parmi d'autres, tels que la satisfaction des besoins du marché et des entreprises.

Voilà l'un des constats faits par la présidente de la CSQ, madame Louise Chabot, dans le mémoire présenté le 9 février dernier dans le cadre de la consultation parlementaire sur le projet de loi no 77 visant à modifier la Loi sur l'immigration au Québec.


Gilles Duceppe
 
 

Malgré la vague libérale qui a déferlé sur tout le Canada, Gilles Duceppe a réussi à faire mieux que les Libéraux et les Conservateurs n’avaient fait au Québec aux élections de 2011. Lisez les détails de l'article ici ou le reportage intégral dans La Dépêche numéro 68.
Un caractère distinct à préserver
Ainsi madame Louise Chabot rappelle que «les politiques québécoises d'immigration ont toujours fait de la pérennité du fait français l'objectif premier de la stratégie d'immigration.»

«C'est d'ailleurs dans l'optique de préserver le caractère distinct du Québec que les gouvernements québécois successifs ont cherché à récupérer une bonne partie des responsabilités et des pouvoirs liés à l'immigration dans l'actuel partage avec le gouvernement fédéral. À quoi bon récupérer des pouvoirs du fédéral en matière d'immigration si c'est pour canadianiser notre politique d'immigration et harmoniser nos façons de faire avec Ottawa?», questionne-t-elle.


PHILIPPE COUILLARD
 
 

Le Parti libéral du Québec semble considérer l’immigration comme un moyen de consolider honteusement sa base électorale anglophone. Plus de détails ici ou lisez le reportage intégral dans La Dépêche numéro 67.
  
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Responsabilités et obligations de l'État à préciser
Plutôt que de privilégier une déresponsabilisation de l'État québécois en matière de francisation et d'intégration des nouveaux arrivants, comme le fait craindre le projet de loi 77, la Centrale plaide pour que les responsabilités et obligations de l'État en matière de francisation et d'intégration soient précisées davantage, de façon à assurer la pérennité du français.

Plus spécifiquement, il faut maintenir la pondération accordée à la connaissance du français dans le processus de sélection des personnes immigrantes.

Dans ce même esprit, la CSQ demande que l'on organise plus de cours de francisation qualifiante à des niveaux de compétence avancés, et que l'on renforce les investissements en francisation.


Pierre-Karl Péladeau
 
 

Pierre-Karl Péladeau est un négociateur redoutable, rendant ainsi plus improbable que le Canada anglais puisse abuser les Québécois une dernière fois. Lisez les détails de l'article ici ou le reportage intégral dans La Dépêche numéro 68.
Des préoccupations légitimes oubliées
La Centrale reconnaît qu'il y a nécessité de revoir la Loi sur l'immigration. En effet, elle est silencieuse sur des enjeux au cœur des préoccupations exprimées par la population, telles que la pérennité du français, l'intégration et le respect des valeurs communes du Québec, ainsi que l'occupation et la vitalité des territoires.

«Malheureusement, les modifications proposées au projet de loi no 77 ne répondent pas à ces préoccupations légitimes. Au contraire, on a plutôt l'impression que le gouvernement s'affaire à dessiner une vaste réforme de l'immigration au Québec n'ayant qu'un seul objectif: répondre aux besoins ponctuels de main-d'œuvre des entreprises», constate Louise Chabot.


Une pénurie de main-d'œuvre questionnable
Cette dernière appelle d'ailleurs le gouvernement à la prudence, mettant en doute le fait que le Québec vivrait une grave pénurie de main-d'œuvre. Elle précise qu'on retrouvait au Québec, en 2014, 41 700 postes vacants pour 340 300 chômeuses et chômeurs, soit un poste pour 8,2 personnes en chômage.

«Alors que des milliers d'adultes attendent une place dans un programme de formation continue au collégial et que les prévisions d'Emploi-Québec concluent que des dizaines de milliers d'emplois nécessitant une formation collégiale devront être comblés au cours des prochaines années, on comprend mal pourquoi on n'améliore pas les possibilités de qualification et de formation pour ces adultes plutôt que d'assouplir les critères linguistiques afin d'attirer davantage d'immigrants», déclare Louise Chabot.


Importance de l'éducation et de la formation
Pour la présidente de la CSQ, c'est une très mauvaise stratégie que d'essayer de répondre aux besoins de main-d'œuvre des entreprises québécoises en misant sur l'immigration plutôt que sur l'éducation et la formation.

«Il faut se doter d'une véritable politique d'éducation aux adultes, notamment en facilitant l'accessibilité financière des adultes à des projets de formation visant à compléter une formation de base ou à se réorienter sur le plan professionnel. Les obstacles sont particulièrement nombreux pour les personnes handicapées, les immigrants, les autochtones et les femmes. De plus, il faut s'appuyer sur la formation continue à l'éducation aux adultes, dont le potentiel est largement sous-exploité», commente Louise Chabot.


PHILIPPE COUILLARD
 
 

Tous les ouvriers québécois devraient savoir parler anglais juste au cas où un client anglophone surgirait sur les planchers des usines, prônait Philippe Couillard lors d’un débat électoral. Plus de détails ici ou lisez le reportage intégral dans La Dépêche numéro 67.
  
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Des compressions nuisibles
Malheureusement, les politiques d'austérité encouragées par le gouvernement compliquent la situation. «Difficile d'améliorer l'accessibilité à la formation continue, l'éducation des adultes et la reconnaissance des acquis et compétences en période de compressions budgétaires. De fait, soulignons que les commissions scolaires ont dû subir des compressions de l'ordre de 950 millions de dollars depuis 2010, les cégeps de plus de 155 millions pour la même période alors que les budgets des universités ont été amputés de 273,6 millions depuis 2012», souligne la présidente de la CSQ.


Renforcer le français comme langue de travail
En terminant, Louise Chabot a fait siennes les inquiétudes manifestées par le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) qui, chiffres à l'appui, a démontré que le français recule dans les entreprises au Québec. «Pour la CSQ, ces données sont très préoccupantes et contredisent fortement les tenants d'un relatif équilibre linguistique au Québec, et ce, particulièrement en milieu de travail. Il est donc essentiel de renforcer les dispositions de la Charte de la langue française concernant la langue de travail et que le gouvernement donne suite aux recommandations du Conseil supérieur de la langue française et à nos nombreuses recommandations à ce chapitre», conclut la présidente de la CSQ.


PHILIPPE COUILLARD
 
 

La bonne entente entre Philippe Couillard et Stephen Harper semblait sans borne. La Dépêche numéro 66 vous propose différents textes qui en révèle l'ampleur. Plus de détails ici.
  

Non à une privatisation de l'immigration et à l'abandon de la francisation
De son côté, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) fait part de ses nombreuses réserves et vives inquiétudes face au projet de loi 77 qui vise à remplacer l'actuelle Loi sur l'immigration au Québec, et s'insurge contre la privatisation de l'immigration et l'abandon de la francisation.

Dans un mémoire de 24 pages déposé le 10 février dernier à la Commission des relations avec les citoyens, la CSN y va de 23 recommandations afin d'assurer aux Québécoises et aux Québécois une loi de l'immigration équitable tant au plan social qu'économique.

D'abord, le projet de loi 77 semble vouloir laisser bien peu de place à la francisation des nouveaux arrivants. L'article 58 mentionne l'obligation pour le ministre d'élaborer des programmes d'accueil et de francisation, alors que la loi actuelle dit que le ministre doit dispenser et assumer les services d'intégration linguistique. Il y a un net recul à ce chapitre et c'est inexplicable quand on sait qu'actuellement 20% des immigrants
ne parlent pas un mot de français.

«On assiste à une véritable hécatombe au niveau de la francisation des immigrants. Les libéraux coupent inlassablement dans les programmes de francisation des immigrants. Le gouvernement rêve en couleur s'il croit que les immigrants vont apprendre le français sans soutien, notamment  dans les milieux de travail. Certains d'entre eux sont ici depuis 20 ou 30 ans et ne parlent toujours pas la langue officielle du Québec. C'est alarmant et surtout inacceptable. Cela démontre aussi que la Charte de la langue française n'est pas rigoureusement appliquée au Québec. Comment expliquer autrement qu'on puisse y travailler et faire affaire avec l'administration publique sans connaître un mot de francais?», lance avec conviction Jean Lortie, secrétaire général de la CSN.

Il est également inquiétant de constater le peu de place qu'occupe l'intégration des immigrants à la société québécoise dans le projet de loi 77. Seulement deux articles en parlent, et de façon très vague. Or, il est de notre avis que pour connaître du succès, une politique de l'immigration doit assurer l'intégration des nouveaux arrivants. Cette réussite doit immanquablement passer par l'apprentissage et l'utilisation de la langue française, la reconnaissance des acquis et diplômes et la lutte à la discrimination.


Privatisation de l'immigration
Dans ce projet de loi, le gouvernement semble prioriser la seule prospérité économique au détriment de toute autre considération. Ainsi, les immigrants seraient sélectionnés en fonction des seuls besoins de main-d'œuvre des employeurs, une façon de faire qui occulte complètement l'enrichissement du patrimoine socioculturel du Québec.

«Voir l'immigration uniquement comme un système de recrutement de main-d'œuvre est une grave erreur. Il est vrai que l'immigration peut parfois permettre de répondre à des besoins précis d'entreprises, mais elle est beaucoup plus qu'un simple élément économique. Les besoins des entreprises et ceux de la société ne sont pas toujours compatibles», ajoute Jean Lortie.

Les statistiques tendent aussi à démontrer que l'arrimage entre immigration et besoins de main-d'œuvre est loin d'être la solution à tous les problèmes. Selon Statistique Canada, il y avait en 2014 au Québec, 8,2 chômeurs pour un poste vacant. Le manque de main-d'œuvre ne peut donc à lui seul guider la politique d'immigration.


Centralisation des pouvoirs
Autre élément inquiétant, le projet de loi 77 prévoit une centralisation excessive de pouvoirs entre les mains du ministre. En effet, des pans essentiels de la loi seront établis par règlement du gouvernement ou du ministre. «Cela signifie que le public ne pourra pas soumettre de commentaires préalablement à l'adoption de ces règlements. Une telle façon de faire est inacceptable et d'autant plus critiquable, qu'elle concerne l'immigration, un sujet névralgique pour la société québécoise tout entière.»

C'est sans compter que le projet de loi semble ouvrir la porte davantage à la main-d'œuvre temporaire. En effet, le gouvernement envisage la possibilité de mettre en œuvre des projets pilotes d'immigration temporaire d'une durée maximale de cinq ans.

«Quel est le but derrière ces projets pilotes? questionne M. Lortie. Veut-on intensifier encore davantage l'utilisation de la main-d'œuvre étrangère temporaire? Veut-on exploiter la misère et créer une caste de travailleurs et travailleuses jetables qu'on importe selon les besoins des entreprises et qu'on retourne chez eux quand on n'en a plus besoin? On parle ici d'êtres humains et non de marchandise.»

Le gouvernement n'a par ailleurs rien prévu dans le projet de loi pour venir en aide aux femmes immigrantes qui ont souvent plus de difficultés à intégrer le marché du travail.


LA DEPECHE NUMERO 68À lire dans La Dépêche numéro 68, le premier de trois grands reportages sur la route de la Baie-James.

Plus, la suite de notre série sur les rois de France et l'Amérique du Nord avec la première partie du règne de Louis XIV.

Et ne manquez pas la conclusion de notre longue série d'articles sur Louis Hémon dans le cadre du 100e anniversaire de la toute première publication de Maria Chapdelaine.

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