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La Dépêche

Gilles Duceppe en Abitibi-Témiscamingue
«LE CANADA NE RÉPONDRA JAMAIS AUX BESOINS DU QUÉBEC»
Rouyn-Noranda, jeudi 25 février 2010 – «Vingt ans après l’échec de Meech, un constat s’impose: une offre constitutionnelle du Canada répondant aux besoins du Québec ne viendra jamais. Pendant ce temps, le Canada continue à se construire en fonction de ses intérêts et de ses valeurs qui, trop souvent, vont à l’encontre de ceux du Québec. Pendant ce temps, le poids politique du Québec diminue. Et les conséquences sont très concrètes: on le voit avec ces assauts répétés contre la loi 101 et contre la culture québécoise; on le voit avec les derniers budgets qui font l’impasse sur les besoins économiques du Québec; on le voit avec cette politique canadienne du tout au pétrole qui va à l’encontre des intérêts stratégiques du Québec. En tant que représentants du seul parti exclusivement voué à la défense des intérêts et des valeurs du Québec à Ottawa, nous avons cette responsabilité et nous allons continuer de l’assumer avec détermination et avec fierté!», a lancé le chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, alors qu’il était de passage à Rouyn-Noranda en compagnie du député d’Abitibi--Témiscamingue, Marc Lemay, dans le cadre d’une tournée qui l’amènera à travers le Québec en prévision de la rentrée parlementaire.
 
Les intérêts économiques du Québec sont écartés
«Budget après budget, les besoins économiques du Québec sont ignorés et ce n’est pas différent sous les conservateurs. Dans le budget de relance, l’environnement, les industries de la forêt, de l’aéronautique, manufacturière, de la recherche et la culture, très présentes au Québec, ont toutes été écartées, alors qu’au même moment les industries de l’auto concentrée en Ontario et du pétrole dans l’Ouest ont reçu un soutien de plusieurs milliards de dollars. Il y a également ces injustices flagrantes, comme le fait qu’Ottawa s’apprête à verser des milliards de dollars à l’Ontario et à la Colombie-Britannique pour l’harmonisation des taxes de vente, et refuse de verser les 2,2 milliards qu’il doit au Québec qui a déjà procédé depuis longtemps à cette harmonisation», a déclaré le chef du Bloc Québécois.
 
«La réalité, c’est que les pays ont la politique de leurs intérêts et le Canada a des intérêts économiques qui sont contraires à ceux du Québec. En prévision du prochain budget, nous avons présenté des propositions concrètes et raisonnables pour le Québec. À ce moment, nous verrons si les conservateurs saisissent l’occasion de satisfaire le Québec», a indiqué Gilles Duceppe.
 
La culture pétrolière du Canada nuit au Québec
«Au Québec, pour prospérer, il y a une nécessité économique absolue et c’est celle de réduire notre dépendance au pétrole. Avec un baril de pétrole à 75 dollars, comme c’est le cas ces jours-ci, le Québec doit importer pour 20 milliards de dollars de pétrole brut par année. À l’heure des changements climatiques, la réduction de notre dépendance au pétrole est également une nécessité environnementale. Pour le Québec, pour le Bloc Québécois, il n’y a aucune contradiction entre l’environnement et l’économie. Pour le Canada, c’est le contraire. Le pétrole enrichit le Canada et conditionne toute sa politique économique, fiscale et internationale. Nous devons tout faire pour amener le gouvernement à accoucher d’un vrai plan de lutte contre les changements climatiques, avec des cibles contraignantes et ambitieuses, une approche territoriale et 1990 comme année de référence», a-t-il poursuivi.
 

La langue, l’identité et la culture
«Depuis la reconnaissance de la nation québécoise par la Chambre des communes, nous avons eu de nombreuses démonstrations de l’hypocrisie des libéraux et des conservateurs. Le meilleur exemple, bien sûr, c’est la loi 101, qui a été charcutée et qui n’est même pas appliquée pour tout ce qui est fédéral au Québec. Ensuite, les nouveaux arrivants au Québec se font dire que le Canada est un pays bilingue et surtout anglophone. Ils se font dire que la politique de citoyenneté est fondée sur l’idéologie canadienne du multiculturalisme. À mon avis, dans ces circonstances, c’est déjà un exploit remarquable que nous ayons réussi à intégrer la moitié des nouveaux arrivants à la majorité francophone au Québec», a continué Gilles Duceppe.
 
«Du côté du financement de la culture québécoise, on observe qu’elle est maintenant très tributaire d’Ottawa. On a d’ailleurs vu que le simple caprice idéologique d’un premier ministre peut faire des dégâts importants. Mais c’est le Canada qui est maître du jeu dans ces domaines et qui prend des décisions en fonction de deux réalités complètement contradictoires. Ottawa intervient dans la culture québécoise sans même reconnaître le caractère national de notre culture. Encore une fois, on doit amener le Québec à regarder la réalité en face : l’épanouissement de la langue, de la culture et de la citoyenneté québécoise sera toujours freiné dans le Canada», a expliqué le chef du Bloc Québécois.
 
Empêcher les reculs et faire avancer le Québec
«Être optimiste en ce qui a trait à l’avenir du Québec dans le Canada, c’est impossible quand on voit que le poids politique du Québec est appelé à diminuer encore plus dans les années qui viennent. Il y a une menace immédiate avec le projet de loi des conservateurs qui vise à réduire le poids politique du Québec à la Chambre des communes à 22 %, ce qui est moins que notre poids démographique! De nos jours, on n’a qu’à faire la nomenclature de tous les consensus québécois qui sont ignorés par Ottawa pour réaliser ce qui nous attend. Nous avons donc cette responsabilité, au Bloc Québécois, de nous battre tous les jours pour empêcher les reculs et pour faire avancer le Québec. En fait, avec la création du Bloc, le Québec s’est donné un outil pour ralentir et amoindrir l’érosion de sa force politique dans le Canada. Cependant, il est très clair qu’en matière de poids politique du Québec dans le Canada, la situation ne peut qu’empirer», a assuré Gilles Duceppe.
 
Un projet de souveraineté clair et emballant

«Vingt ans après Meech, le Québec est de plus en plus mal servi sur les plans économique et environnemental, comme c’est le cas en matière de langue, de culture et de citoyenneté. Il est clair qu’au Canada, il n’y a aucune volonté politique de répondre aux aspirations du Québec. Nous allons quand même continuer à faire notre travail et aller aussi loin que possible pour élargir la marge de manoeuvre du Québec dans le Canada. Nous allons le faire de bonne foi, comme toujours, en essayant de réaliser des gains substantiels. En même temps, en 2010, le Bloc va continuer à être un des fers de lance du mouvement souverainiste. Nous allons continuer à imaginer le Québec souverain et à mettre notre projet à jour continuellement. Nous allons même intensifier nos efforts. Quand les Québécois réaliseront que l’espoir d’une réforme du fédéralisme est illusoire et que la seule voie d’avenir pour le Québec, c’est la liberté politique, à ce moment-là, nous serons prêts à mettre en oeuvre un projet de souveraineté clair et emballant», a conclu Gilles Duceppe.