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Manifeste des médias alternatifs

(07/07/00) Des médias alternatifs du Québec cherchent à créer un contre-pouvoir critique aux médias qui pensent en terme de masse pour assurer leurs revenus publicitaires et leurs parts de marché. Voici des extraits d'une version provisoire du manifeste qui sera discutée lors du deuxième Colloque des médias alternatifs en octobre prochain.

Les médias conventionnels québécois sont de moins en moins en mesure de rendre compte de la réalité sociale dans toute sa richesse et sa complexité. Leur recherche exclusive du profit a transformé l'information en marchandise au bénéfice des intérêts corporatistes. Ces médias pensent en terme de masse pour assurer leurs revenus publicitaires et leurs parts de marché, dans une logique conservatrice. Ils sont passés du rang de contrepoids à celui de faiseurs d'image et de courroie de transmission. À la concentration économique s'est superposée une concentration idéologique qui traduit l'existence d'une pensée unique. Dans cette logique, l'être humain est réduit à ses fonctions de producteur, de consommateur et de citoyen docile et silencieux. Seuls priment les intérêts financiers et l'État est complice de cette réduction unidimensionnelle. Quel que soit le discours officiel sur «la liberté d'expression, pilier de la démocratie», la majorité des médias québécois demeure entre les mains du pouvoir économique et politique. Ils ont perdu leur indépendance et sont devenus les outils de propagande de la pensée unique et du grand capital, et des vecteurs d'abrutissement de la société-spectacle.

Cette philosophie corporatiste se profile jusque dans les fédérations de journalistes, dont les assemblées transpirent l'autosatisfaction, rendant difficile toute forme de remise en question et de critique sérieuse. Si, ici et là, des oiseaux rares se risquent encore à exercer leur métier, la grande majorité d'entre eux, happée par les rouages de la machine médiatique, participe de gré ou de force à la vaste opération de décervelage. Le corporatisme ambiant a contribué à l'émergence d'une culture d'autocensure au sein des journalistes. En raison du manque de temps, de moyens et de volonté, le contrôle des priorités de l'information finit par leur échapper.

Parce que nous croyons à la nécessité du débat démocratique, parce que nous sommes conscients du rôle que nous avons à jouer dans un monde où la liberté d'expression et le pluralisme se heurtent à une logique de marché hégémonique, nous entendons continuer à exercer et à développer un contre-pouvoir critique nécessaire à toute information et à tout débat d'idées. Notre initiative tient d'une volonté de changement, une volonté d'en finir avec le corporatisme ambiant, le conservatisme, le cynisme, l'autocensure et l'inculture, une volonté qui prône le retour de l'audace et de l'irrévérence.